Interview de Jean François Lafaye de PROMEG

1 octobre 2018 0 commentaire

En carrosserie les bonnes méthodes génèrent confort et performance

Chez Carrosseriejob.fr, nous entendons régulièrement les chefs d’entreprises dire : les métiers de carrossiers et peintres automobile n’attirent plus les jeunes – Il est difficile de recruter – il y a un problème de savoir-être chez certains salariésSi tout ceci est sans doute vrai, il existe pourtant (et heureusement surtout) des carrosseries où les effectifs sont au complet et où les compagnons restent plus de 6 mois. Les sollicitations extérieures de recruteurs étant de plus en plus nombreuses et les possibilités d’évolutions assez faibles (car il s’agit d’un secteur d’activité constitué principalement de petites structures), nous nous sommes demandé comment une carrosserie indépendante pouvait garder, challenger et faire progresser ses équipes.

Pour répondre à nos questions, nous avons interrogé Jean-François Lafaye, fondateur et dirigeant du cabinet d’audit spécialisé Promeg (Fournisseur de solutions expert en Carrosserie).

Carrosseriejob.fr : Pouvez vous nous présenter votre parcours professionnel et votre société ?

Jean-François Lafaye : Je suis carrossier de formation. J’ai occupé par le passé des postes de responsable commercial pour du matériel de carrosserie chez CAR-O-Liner, Wienmann ou Symach les robots de séchage. J’ai également travaillé pour SOBECAR où j’ai appris la gestion des heures avec AUTOPLAN et les outils d’organisation atelier. Je suis aussi passé par Porzelack qui est spécialisé dans de la compression des coûts de lavage après réparation.

Après avoir passé de nombreuses années dans les ateliers, à écouter les problèmes de mes clients professionnels (sur la gestion de leurs charges, leur organisation, la rentabilité, le choix des fournisseurs, la gestion du personnel, etc..), je me suis décidé à créer ma société PROMEG pour proposer aux carrossiers de les aider dans la compression des coûts et la maitrise de leurs marges.

CJ : Que pensez-vous des difficultés de recrutement actuellement dans le domaine de la carrosserie ?

JFL : Nous avons négligé la formation des jeunes depuis 20 ans. La filière n’attire plus, les centres de formation sont vides. Il ne peut pas y avoir de miracles. La conséquence directe est simple et sans appel : il y a une pénurie importante de main-d’œuvre qualifiée…

CJ : Une fois son équipe constituée, est-il facile de la diriger aujourd’hui ? Le niveau de compétences est-il bon ? Et le comportement ? 

JFL : Nous sommes dans un secteur d’activité où beaucoup des chefs d’entreprises actuels sont les successeurs de leurs parents avec des méthodes à l’ancienne. Il y a des carences en termes de méthodologie, de vision stratégique et de management dans beaucoup d’établissements.

Manager c’est savoir faire avancer son équipe pour l’amener à un certain résultat. En carrosserie peu d’entreprises se fixent des objectifs et des règles précises. Le métier de manageur ne s’improvise pas, il s’apprend, surtout en ce moment car beaucoup de choses ont changé ces dernières années avec les évolutions technologiques, de l’outillage, des produits ou l’apparition du web et des outils informatiques.

Au-delà du niveau de compétences et du comportement des compagnons, les difficultés actuelles les plus répandues dans les ateliers sont plus liées à un manque de communication entre le front office et le back office. Chacun travaille dans son coin et il n’y a pas de fil conducteur entre les 2. Résultat : il y a une vraie défiance des salariés vis-à-vis de leurs patrons et inversement…Je constate qu’une lassitude s’est installée dans les ateliers. Cela entraine une baisse de la motivation.

CJ : Faut-il envisager de compléter la formation et les compétences des équipes ? Si oui comment ?

JFL : Il est évident que nous devons maintenir nos équipes au top pour assurer un service de qualité aux clients. Cela permet aussi de valoriser les compagnons, tout en valorisant son entreprise.

Personnellement je suis à la recherche permanente des dernières innovations car tout change à vitesse grand V. Malheureusement les informations n’arrivent pas convenablement dans les entreprises. Nous avons un problème de communication avec les fabricants de voitures, de matériel et de produits. Un exemple : lorsqu’on demande à quoi sert une infra rouge, très peu de personnes connaissent sa vraie utilité.

J’ai l’intention de proposer à plusieurs fabricants de monter des formations approfondies avec suivi, dans l’objectif de d’améliorer à la fois la qualité de travail et la rentabilité des entreprises. Les bonnes méthodes génèrent confort et performance.

CJ : Vu que les compagnons évoluent souvent dans des petites équipes avec finalement peu de possibilités d’évolutions, comment peut-on les motiver, les « challenger », éviter la monotonie…et les garder sans se ruiner ?

JFL : Depuis dix ans maintenant dans mes missions, avec l’accord du chef d’entreprise, j’implique tout le monde dans les actions à mener pour faire évoluer les ateliers.

Une carrosserie c’est comme une écurie de F1, le pilote ne peut pas gagner seul des courses. Il gagnera uniquement si tout le monde est avec lui.

Cela permet aussi de valoriser et fidéliser les gens. On peut monter des challenges ensemble, les mesurer et récompenser de diverses façons.

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